Installations > 2008 > Carleton-sur-Mer
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Descriptif de l'installation
- Emplacement : Carleton-sur-Mer, Belgique
- Implantation : Installation de sculptures en bois de mer sur 31 pylônes
- Date : Juillet et Août 2008
La promenade des rêveurs
Isolée de la circulation bruyante, la route longeant la ville en contrebas est devenue un espace propice au rêve. Le projet s'y inscrit comme un parcours : une déclinaison d'une trentaine de sculptures rythmées par les lampadaires, qui servent de support.Ces sculptures sont le résultat d'un autre parcours : une récolte de bois de mer venant de la montagne. Ce bois, sans attrait ni valeur, a été travaillé pour y révéler la vie de l'arbre dont il provient, pour dévoiler le théâtre d'un territoire, dévoiler la beauté et la violence de sa nature.
Le paysage de Carleton-sur-Mer est devenu source de création non seulement par ses matières mais aussi par sa charge émotionnelle, son impact sur nous. La promenade des rêveurs bordant le barachois, devient une promenade intérieure, un paysage revisité : paroles de territoires. Les sculptures sont des petites portes ouvrant sur le monde intérieur de chacun. Je voudrais qu'elles soient suffisamment fortes pour que chacun puisse se sentir interpellé par ce qu'elles peuvent lui dire. La promenade des rêveurs est un parcours de sculptures qui se fait au rythme de nos pensées : chaque sculpture peut être capteur et émetteur des rêves de chacun, comme les capteurs de rêves des Mi'gmaqs.
En dialogue avec les pylônes d'éclairage, verticales rigoureuses construites par l'homme, se dressent des éléments de l'arbre dont j'ai essayé de révéler toute la poésie : son regard sur l'infini de la nuit, son mouvement de croissance errant et indéterminé, son exubérance à la mesure des racines et sa dimension mythique et cosmique. Connivence entre l'arbre et l'humain.
Je m'interroge sur la spécificité de ce bois et du territoire d'où il provient. L'idée du nœud, tressé et réalisé avec des racines est central dans chacune des sculptures : nœud de nos appartenances, de nos racines. Ce nœud qui attache et qui lie est constamment à refaire. Il y a là confusément la perte d'une origine, d'un attachement, d'une identité, et le désir de les retrouver. C'est sans doute la condition de l'humain d'aujourd'hui : le sentiment d'être déraciné, écorché, perdu…
Il reste le cri de la perte. Le chant de la perte. L'art de la perte. Matière et corps : le désir à l'œuvre.